Loeiza er Meliner sur le pont du moulin
Ar Bont er Velin

Unanig zu e oè
konted ged Elen Herrieu

 

E huélet hé homer Barban, en Ti-Lann, éh oè bet Katel, hag en ur zonet d'er gér, ar hé goarigeu - rak brochennereh e oè geti - é troas dré hor penhér-ni.

De ouiet men doéré é tè, revé ma larè dein, met gout e hren erhat éh oè dreist pep tra de lésat me zonnad chistr é tè. Rak deval e zo get goug Katel.

0, ne guh ket anehi er si-sé hé des : « Ur baneh chistr badéet e blij guel dein eit er « perjus » e lar hi. Er chistr hep deur ha mé n'omb ket kar; nag en « arkol » muioh. Rè fonapl éh an abarh getè ha ne bad ket tam er blijadur…»

En hé saù éh oè chomet ar en trezeu, harpet hé hein geti doh en nor. Ha dibun e hrè dein en doéréieu hi doè kleuet en é zroiad balé. Dibun e hrè eùé, dré bep diù uéh. Hé zam gloan rous, stardet édan hé hazal. Ha labourat e hrè hé brochenneu, étré hé bizied, ken fonapl èl ma pilè hé zead én hé beg.

« Azéet alkent, Katel, ma tanoeet er chistr, e laran mé dehi en ur ziskarg ur uérennad.

- Ur lommig e iei genein eroalh brema, emé hi, rak séhed em es. Met chouket ne hrein ket erhat ! - Na perak enta, Katel ? Goreu e zo ?

- Naren ! Goreu n'es ket : uieu en hani zo ! »

Ha hi de hoarhet a végad ken ne gréné én hé beg tri dant hir, melén koér, haval doh skivleu koh. « Ia, uieu, ha ré gaer, e zalh Katel. Er gomer Barban en des peder iar uen; sord-sé e zo iér hag e zov, me heh dén ! Ha karget hé des men deu sah broh-dan get uieu hé iér. Penaos e choukein-mé nezé ! N'on ket é klask ou zorrein alkent. Henoah é veint draillet ha frintet ér balon. Un diaol a bred e hreemb getè, mem boulom ha mé. Arriù e veemb pèl a oudé n'hon es ket dèbret krampoeh uieu. »

a hi nezé de gontein kraùeu hé lor (é sèùel er seul·éh oè) ha goudé de ziskarg chistr én hé guéren. « Mât é hou chistr : éh an de zoublein ! Difonn e vehè dein ataù monet ar bouiz un troed betag er Guiriel.

- Met Katel, ne vè ket mui desaùet iér ér Guiriel enta, a pe iet de glask uieu d'en Ti-Lann? Guélet em. Es bet neoah iaradeu étal hou ti, un amzér zo bet.

- Fé dam ia ! Bout em es bet anehè sur. Met n'em bo ket mui alkent. Desaù iér eit pourvé friko d'er réral ! Laeret e vezent dohein, keh dén, eit obér « réveillon »; pé làhet d'en tammeu « otoieu » brein-sé hag e vlaz en henteu getè, er pestaj, èl a pe vehè en diamig én ou zoul.

Sellet, emé hi, petra ou doè groeit d'er iar devéhan em es bet. »

Ha hi de voutein hé brochen én hé blèu guen, de heijal hé fen eit disken hé hapot un tammig ardran : "Unañnig zu e oè, du pod, diùhar ber dehi, ur choupennig ru : ur vraù a iar dohtu. Un dovéréz ! sord ne gavér ket kalz. Nag ur horeréz !

Saùet e oè trizek pousin geti; ré du elti, de sadorn pardon en Treskoed. Chonj em es èl pe. vehè déh é vehè.

D'er sul d'anderù, éh oè me iar hag hé fousined doh em-zoarein é fozel en hent-pras. Chetu degoéhet ur pikol « kahmignon » lan a dud é tonet ag er pardon. Donet e hrè get en devalen « brizabatur », ha brammet e hrè : paom ! paom ! paom ! Ha blazein, me heh dén ! Ha chetu spontet me iar ha hi de sklosal eit gerùel hé fousined ha de drézein en hent pras getè aveit tostat d'er gér. Met unan anehè e oè chomet luiet doh un dreizen ha kuikal e hrè dohé vam a bouiz é ben: kuik .! kuik .! kuik ! Hag er vam endro de glask er bidohig, èl m'hou pehè groeit houh unan. Ha juste-roalh éh oè en « oto » -vras-sé é tremen.

Ha·tapet me iar, men Doué !

Guélet em boè hé é punein, é torimellat hag é skoein hé diùaskel: kuèk ! kuèk ! kuèk ! e hrè hi ken truhéus.

Ha mé d'hé hlàsk, el loñnig peur, hé gronet ém dantér; Nag é pesord stad éh oè, pardon ! « Achiùet hé, achiùet hé 'ta, » e huchè mem boulom dein.

N'em boè ket kavet er galon d'héh achiù. Un eutru é pas étaldonn ar ur « vélo» e larè dein

« Tuez-la ! Tuez-la ! » « Tuéla » eroalh, met più en dehè desaùet er geh pousined ? Ean marsé !

Ha deit ur chonj dein : mé d'enti, tapet ur baseréz-gloan, boutet ned du abarh, ha gouriet, dré duem, boelleu me iarig zu.

Ne oè ket me labour ag er plénan, mar karet hui, rak goannat e hra men deulagad ; met kalevern, lakeit em boè en treu én ou léh ataù ha lakeit mat péchanj, peguir ne oè ket krevet me iar.

Desaùet hé doè hé néhiad, braùik eroalh, hat; er sadorn kent en Neddeg éh oen geti ar er marhad én Oriant.

N'em behè ket karet dèbrein me iar, sellet ! En dén en em-stag doh é loñned.

Get ur goh strakel kér éh oè oeit. Sellet eroalh hé doè dohti,' hé sanpouizet; komprennet hé zreid ,aveit gout héh oèd; tastornet hé hostéieu de ouiet ha lart e oè ; huéhet émesk hé flu.

Ha neoah n'hé doè ket guélet me hrav én hé boeleu. Dré voneur ... « C'est tendre? » e oulennè hi genein.

- Suroalh, er vadam, « cé tant! cé tant! » Kerhet ataù geti : honneh e hrei souben huek deoh, ha dru ha rah ...

Poñnérik e oè ur sord : pemp skoed em boè bet aveiti.

Peurkeh lon ! ankin em es hoah a pe za chonj dein anehi. Unañnig zu e oè, diùhar ber dehi : ur gaerig alkent.

A oudeveh n'em es bet iar erbet aral, na n'em bo ket.»

Ha Katel get hé hent, er skanùikan hag er plénikan ma hellè, eun dehi a strebaotein hag a dorrein héh uieu !



C'était une jolie poule noire
Raconté par Hélène Henrio

Katel revenait du village de Ty Lann , c'est là qu'habitait Barbe sa commère. Elle avait parcouru les deux kilomètres, tout doucement, en tricotant des chaussettes, elle traversa notre hameau.

Katel passait me voir pour avoir de mes nouvelles, c'est ce qu'elle me disait, mais moi je savais que sa visite était un peu intéressée : elle aimait bien son verre de cidre, elle avait, comme on dit, " le gosier en pente".

Oh ! elle ne cache pas son défaut : « je préfère du cidre avec un peu d'eau (littéralement:"baptisé") que du pur jus, car ce dernier est alcoolisé et je suis obligée d'en boire moins et ainsi mon plaisir dure moins longtemps »

Katel était restée debout sur le seuil de la maison, le dos à la porte, me racontant les nouvelles qu'elle avait entendues pendant sa petite promenade. Et de temps en temps elle dévidait sa pelote de laine serrée sous l'aisselle. Et les aiguilles à tricoter travaillaient aussi vite que la tapette de sa langue.

"Asseyez-vous tout de même, Katel, pour que vous goûtiez le cidre, lui dis-je en lui versant un verre.

- un verre de cidre me fera du bien, me répond elle, car j'ai un peu soif , mais je ne veux pas m'asseoir !

- pourquoi donc , vous avez des furoncles ?

-non, pas des furoncles, mais des œufs ! »

Et elle se mit à rire, à rire, si bien que ses dernières dents jaunies tremblaient dans sa bouche :

« oui, dit Katel des œufs et des gros. La commère Barbe a 4 poules blanches qui pondent , c'est pas croyable !

Elle a rempli les poches de mon jupon des œufs de ses poules. Comment voulez vous que je puisse m'asseoir ? Je ne voudrais pas les casser tout de même . Ce soir, ils seront cassés et frits dans la poêle. Quel fricot nous allons faire mon bonhomme et moi ! Cela fait longtemps que nous n'avons pas mangé d' omelette »

Et voilà qu'elle se mit à compter les points de son tricot ( elle est arrivée au talon de la chaussette) et puis elle remplit son verre de cidre.

« Votre cidre est bon, je vais reprendre un autre verre, comme on dit on ne marche pas sur pied, et j'ai de la route à faire jusqu'au Guiriel dit elle en riant.

- Mais Katel, on élève plus de poules au Guiriel , puisque vous êtes allée chercher de œufs à Ty-Lann ? Pourtant, j'ai vu des poules autour de chez vous et des poussins aussi , il y a quelque temps.

- oui sûrement , j'ai eu des poules mais je n'en aurai plus jamais. Elever des poules pour fournir du fricot aux autres ! on me les volait pour faire réveillon, ou elles étaient tuées par ses sales voitures qui font puer nos routes, quelle peste, comme si elles avaient le diable au corps . »

Et voilà qu'elle plante son aiguille dans sa chevelure toute blanche, secoue la tête pour faire descendre le capot un peu en arrière : "C'était une poule noire, vraiment noire, une crête toute rouge, deux pattes courtes, vraiment une belle poule, une pondeuse comme on ne trouve plus et une couveuse , pas de pareil sur terre.

Treize petits poussins nous vinrent d'elle, des noirs comme elle; c'était le samedi du pardon du Treskoed. Je m'en souviens comme si c'était hier.

Le dimanche après midi, ma poule et ses poussins se terraient dans le fossé de la grande route. Voici qu'arrive un grand camion, plein de monde qui venait du pardon ; il roulait à grande vitesse, se mit à péter : pom, pom, pom! Quelle odeur mes pauvres gens ! Et voilà ma poule épouvantée qui se mit à glousser pour appeler ses poussins à traverserla grande route avec euxpour se rapprocher de la maison. Mais voici que l'un des poussins était resté accroché à une ronce et se mit à crier « kuik, kuik, kuik », pour appeler sa mère , et la mère revint, bien sûr, chercher son dernier né, comme vous auriez fait vous-même. Et juste à cet instant, arrivait la grosse voiture .

Et ma poule fut écrasée, mon Dieu !

Je l'avais vu tourbillonner, culbuter, battre ses ailes, en lançant tristement des : "kuèk ! kuèk ! kuèk!"

Je courus la chercher, pauvre bête, pour l'envelopper dans mon tablier ; dans quel état elle se trouvait, pardon! « Achève-la ! achève- la donc ! » me crie mon mari.

Je n'ai pas eu le cœur de la tuer.

Un homme qui passait près de moi à vélo me dit : « Tuez la ! Tuez la ! » « Tuéla », c'est facile à dire, mais qui élèvera les poussins ? lui, peut être !

Soudain, une idée me vint, je courus à la maison , je pris une grosse aiguille, enfilai du fil noir, et pendant que ma pauvre poule était encore chaude, je lui recousus le ventre.

Mon travail n'était pas des plus précis, si vous voulez, car mes yeux faiblissent ; mais peu importe, tout était remis en place et bien mis puisque ma poule n'était pas morte, elle éleva bien ses poussins et le samedi avant Noel , elle était avec moi au marché à Lorient.

Je n'aurais pas voulu manger ma poule, voyez vous ! on reste attaché à ses bêtes.

C'est une dame de la ville (une fiérousse, une maniérée) qui l'a achetée. Elle l'avait bien soupesée, examiné ses pattes pour savoir son âge, tatonné ses côtes pour voir si elle était grasse, soufflé parmi ses plumes, et pourtant elle ne vit pas la couture de son ventre, par bonheur…« c'est tendre » me demanda-t-elle ?

- sûrement, madame, c'est tent ! c'est tent ! Emportez-là, celle-là vous donnera une soupe parfumée et grasse aussi…

Elle était assez lourde quand même, je l'avais vendue 15 francs.

Pauvre bête ! J'ai encore du chagrin en pensant à elle. C'était une petite poule noire, avec des pattes courtes, une belle petite poule, quand même.

Depuis, je n'ai plus eu de poule et je n'en aurai plus »

Et Katel s'en alla vers chez elle, aussi légèrement et équilibrée qu'elle pouvait, de peur de trébucher et de casser ses œufs.

traduction: Mériadec et Hélène Henrio

Estampe de Raoul Perrin